LES
PELERINS
Ils
ont laissé leurs mères
Ils
ont traversé les mers
Ils
ont divorcé leur terre
Pour embrasser d’autres frères
Ils
ont dit adieu aux parents
Pour enfanter d’autres enfants
La
craie, la brosse pour bagages
Et
la lumière et la fleur de l’âge.
Madame Launay que tout le monde connaît
Nous ouvra les yeux sur les Pyrénées
Les
peuples des pygmées et la Guinée.
Et
qui ne connaît Monsieur Launay
Qui
nous manquait toutes ces années
Lui
qui nous abattait l’histoire de l’Antiquité
Et
des civilisations de la Méditerranée.
Monsieur Hatchondo nous imposait bien son fardeau
« Apportez-moi des grenouilles et des crapauds
Des
chats, des chiots et des oiseaux »
Mais que voulait-il avec tous ces os ?
Monsieur Hatchondo tourna le dos au tableau
Et
nous emmenait dans la nature et l’eau
Et
du saut longueur au saut hauteur
Les
gestes, les mouvements et les douleurs.
Monsieur Guidoux que nous rendions fous
Avec nos attitudes très moues
Nous lui jouions de jolis coups
Mais lui, sage et doux, nous aimait beaucoup.
Monsieur Le Corre qui n’a jamais tort
Avait du mal à redresser les tors
Hélas Monsieur Le Corre ce sont des corps morts !
Monsieur Fabre nous hissait des ténèbres
Des
verbes et des adverbes funèbres.
Et
nous restions plantés comme des arbres.
Mais lui, l’infatigable, tentait toujours de ranimer ces cadavres.
Permettez-moi, Mesdames et Messieurs, de prier Dieu
Pour qu’il protège ces visages pieux
Et
qu’il nous assure des avenirs radieux
Et
que la paix et l’amour règnent sous ces cieux.
Mohammed TAIAI*
Azrou, le 21
avril 2003
* Monsieur M. Taiai, ancien élève du Collège Al Atlas,
est professeur d'Espagnol au Lycée Tarik